LES SALARIÉS ET CLÉA

Regard du MEDEF Rhône-Alpes, partenaire des entreprises

Les entreprises sont aussi directement concernées par la nouvelle certification CléA. Quels bénéfices pour l’entreprise ? Quels intérêts pour les salariés peu qualifiés ? Pour en parler, nous avons rencontré Farida Sefsaf, Déléguée Régionale Formation au MEDEF Rhône-Alpes, dont la mission est de rapprocher deux univers : celui de la formation/éducation et celui du monde professionnel.

Dans cet article, elle nous explique l’intérêt de CléA pour les entreprises et intègre cette nouvelle certification dans l’évolution des exigences des métiers au fil des années et la vie professionnelle d’aujourd’hui.

Pouvez-vous vous présenter en quelques mots en nous expliquant quelle est votre mission au sein du MEDEF Rhône-Alpes ?

Je suis Déléguée Régionale à la formation. Mon travail s’articule autour de 3 missions : la Formation, la relation Education Entreprise et le Développement du Dialogue Territorial, ces missions m’amènent à créer une relation éducation/entreprise et à travailler sur la complémentarité des savoirs pédagogiques et les attentes du monde professionnel en lien avec les branches professionnelles et les Medef territoriaux. Pour cela, le MEDEF Rhône-Alpes travaille en étroite collaboration avec l’académie de Lyon ainsi que celle de Grenoble, avec l’ambition de développer également des partenariats avec l’académie de Clermont. Ferrand.

Ces missions se concrétisent par de nombreuses actions école/entreprise.  L’une d’entre elles, « l’entreprise à 360° » consiste à ce que des entreprises aillent à la rencontre des élèves de l’académie de Lyon. Cette opération permet de servir les intérêts de tout le monde. Pour l’entreprise, cela lui permet de mieux connaître les attentes des jeunes en matière d’emploi ; et du côté des jeunes, cela participe à leur orientation et les aiguillent sur leurs centres d’intérêts. Ce contact entreprises/jeunes permet de faire découvrir des métiers et par la même occasion de faire naitre des passions.

Pour l’emploi, d’autres opérations existent comme l’opération « Mode d’emploi » : c’est une opération construite avec et  pour les entreprises qui recrutent des bas niveaux de qualification, l’originalité du dispositif porte sur l’élargissement du sourcing de CV, l’objectif est de récolter des CV plus variés pour favoriser l’accès à l’emploi des personnes handicapées par exemple.

Pouvez-vous nous présenter le MEDEF Rhône-Alpes et nous décrire ses missions ?

Le MEDEF Rhône-Alpes représente 45 000 entreprises adhérentes et 90% d’entre elles sont des entreprises de moins de 50 salariés. Le MEDEF en région applique les fondements de la stratégie nationale  et ses missions sont tournées autour du fonctionnement de l’entreprise et de sa performance. Nous avons un rôle d’appui et de soutien en lien avec les branches professionnelles et les Medef territoriaux..

Qu’est-ce-qui motive les entreprises à adhèrer au MEDEF ?

Les entreprises qui adhèrent au MEDEF cherchent un accompagnement économique, social, juridique et financier. Avec ce regroupement d’adhérents, le MEDEF crée un réseau qui génère une  réflexion riche pour le développement économique. Grâce à sa présence sur tout le territoire, toutes les informations sont collectées et peuvent être partagées entre entreprises adhérentes.

Quelle est la conscience des employeurs sur l’importance de former leurs salariés ?

La formation pour les employeurs est un véritable enjeu et c’est une prise de conscience qui se généralise de plus en plus ! La loi du 5 mars 2014 sur la formation professionnelle a bousculé la gestion des ressources humaines dans son rapport à la formation : la formation n’est plus considérée comme un « achat » ou une obligation de payer pour l’entreprise, mais comme une véritable gestion des compétences.

La nuance est très importante car elle apporte un nouveau regard et une nouvelle fonction à la formation dans la stratégie de l’entreprise. La formation est désormais de plus en plus perçue pour son potentiel que pour ses aspects réglementaires, administratifs et financiers. Les entreprises ont conscience que c’est un bénéfice réciproque : à la fois pour le salarié et pour l’employeur.

Aujourd’hui, le monde professionnel est en mouvement permanent. Le contexte d’aujourd’hui est bien différent de l’époque où l’on pouvait encore faire la même carrière pendant 20 ans. Avec les évolutions technologiques et économiques permanentes, les métiers bougent et les professionnels doivent apprendre à s’adapter. La formation professionnelle apparaît comme un élément clé de réponse.

Pour quelles raisons la création de CléA est-elle légitime selon vous ?

Pour les raisons que nous avons commencées à évoquer juste avant. Ces évolutions touchent tous les niveaux de métiers et les publics professionnels les plus fragiles ont eux aussi la nécessité de s’adaptent à ces nouvelles réalités du travail.

Depuis quelques années, nous sommes familiarisés aux notions de «flexibilité » ou encore de « mobilité » qui sont devenus des mots courants dans le langage de l’entreprise. A un autre niveau, la pratique des logiciels de bureautique se généralise dans tous les types de postes, la maitrise des langues étrangères devient un critère de recrutement… Tous ces événements font que tous les salariés doivent se former à ces nouveaux modes de travail.

Aviez-vous déjà ressenti qu’il manquait une formation de ce type en Rhône-Alpes ?

En effet, les salariés les moins qualifiés ont une appétence moins prononcée pour la formation mais la nécessité d’être flexible et polyvalent est, comme nous l’avons vu, essentielle. La certification CléA permet de créer un pont entre les freins des salariés et la réalité des évolutions du monde du travail.

Avec CléA, les salariés les plus fragilisés professionnellement ont des moyens adaptés pour suivre ces mutations et pour pouvoir continuer à évoluer. CléA les soutient et sécurise leur parcours professionnel.

Pouvez-vous nous dire comment la montée en compétences des salariés peut participer au développement de l’entreprise ?

La montée en compétences permet aux salariés et par voie de conséquences, à l’entreprise d’évoluer. C’est du « gagnant-gagnant » pour l’entreprise et pour le salarié !

Existe-t-il un clivage entre les demandes de formation des salariés qualifiés et des publics non qualifiés ?

Nous pouvons dire que l’enjeu les salariés les plus fragilisés professionnellement auraient moins tendance que les autres à se diriger vers la formation. Le dispositif CléA permet de diminuer ces appréhensions puisqu’il préfère d’abord valoriser les points forts plutôt que les points faibles. Pour les encourager, la certification CléA permet un accompagnement des bénéficiaires en fonction de leur profil. CLEA, c’est du sur-mesure !  

Pourriez-vous nous faire un état des lieux des enjeux de la formation et de l’emploi aujourd’hui en Rhône-Alpes ? Et plus particulièrement, pourriez-vous nous expliquer quels sont les enjeux autour de l’évolution des carrières pour les entreprises ?

L’enjeu aujourd’hui réside dans le fait qu’il faut réduire le clivage entre la formation initiale et la formation continue : il faut raisonner en pensant à la formation tout au long de la vie. Le monde de l’emploi et de la formation demande désormais aux salariés d’être acteur dans leur parcours professionnel. La formation devient nécessaire dans toutes les étapes de la vie professionnelle pour que le salarié conserve des compétences en phase avec l’évolution de son métier.

Les salariés d’aujourd’hui doivent prendre conscience que les métiers ne sont plus figés et continuent d’évoluer dans le temps. La formation tout au long de la vie s’impose donc comme l’élément de réponse face à ces changements. L’évolution des carrières réside sur ce point : les salariés doivent être proactifs par rapport à leur parcours professionnel.

Enfin, en tant que porte-parole des entreprises régionales, quel message souhaiteriez-vous faire passer aux salariés et aux chefs d’entreprises sur la nouvelle certification CléA ?

L’entreprise doit être « moteur » sur ce dispositif de formation mais attention, l’entreprise doit proposer une « invitation » vers la formation. Ce ne sont pas les employeurs qui doivent uniquement pousser les salariés vers la démarche de formation. Les salariés doivent être encouragés à se responsabiliser par rapport à leur parcours professionnel.

CléA est une réponse à des enjeux économiques, personnels mais aussi d’intégration sociale et sociétale. Elle permet aux publics professionnels les plus fragilisés de s’insérer dans un monde professionnel en mouvement permanent et donc, de pouvoir sécuriser leurs parcours en leur apportant les compétences nécessaires.